
Le pays des autres est un roman de Leila Slimani publié en 2020. Mathilde, une jeune femme alsacienne rencontre Amine Belhaj, un combattant marocain au service de l’armée française. 1944, un couple se forme. Plus tard, Mathilde suit Amine dans la ville de Meknès où tous deux commencent leur vie conjugale. Une fois passée la fascination exotique qu’exerce le pays sur Mathilde, la jeune femme se sent seule, étrangère, éloignée de sa culture et de ses codes. Arrivent les troubles politiques et la haine des européens. La famille tente d’échapper au carnage.
J’étais heureuse de retrouver la plume de Leila Slimani après une première lecture de l’auteure il y a quelques mois (Dans le Jardin de l’ogre) que j’avais adorée. Roman très différent, dramaturgies aux antipodes. J’ai aimé le drôle de regard poétique et parfois glacé de la fille de Mathilde, Aicha sur le monde qui l’entoure. J’ai aimé cette plume crue et tendre à la fois. Aimé découvrir une culture que je méconnais et comprendre que chacun d’entre nous est l’étranger de quelqu’un d’autre. Je vous conseille ce roman, il est d’une profondeur souhaitable et résonne subtilement avec les temps que nous vivons…
Dans une société où questionner l’identité devient affaire de politique, il est fascinant d’appréhender le monde sous le regard de Mathilde : se succèdent tour à tour les sentiment de liberté, d’émancipation, de nouveauté, le départ vers l’ailleurs. Puis la découverte de l’autre, des gestes, des moeurs, des langues, le gouffre des cultures et des habitudes sociales, intimes. Mathilde redécouvre son mari au travers d’autres codes. La figure étrangère forcée à l’adaptabilité devient la norme tandis qu’elle, la jeune alsacienne confiante dans son pays voit naitre la saison des doutes et des jugements sociaux dans un pays qu’elle perce à jour.
Au fond, ce livre questionne aussi l’identité profonde des êtres. Les changements de caractères avec les changements de culture, ce qu’il y a du noyau en nous, ce que le social peut ébranler, transmuer, métamorphoser, ce que la vie ajoute ou soustrait à qui nous sommes. L’intimité et le corps public. Ce qu’il y a de nous dans les autres, des autres dans le monde social, du monde social à nos choix et à nos cheminements de vie. Le deuxième vient de sortir en librairie, hâte de le découvrir !
J’en profite pour vous informer que désormais les articles du lundi se feront une semaine sur deux, ça me permettra de prendre un petit peu plus de temps pour moi ! (bien besoin en ce moment), de belles pensées aux regards qui se poseront ici.
D.A